Cinéma d’animation : une french touch reconnue

  • Digital

Le cinéma d’animation français occupe la 3e place au niveau mondial derrière les grands studios américains et japonais. La créativité française est reconnue, les films français gagnent des prix, les écoles sont réputées au niveau international et leurs étudiants sont recherchés. Mais l’animation reste un petit milieu qui ne fait travailler que 6 000 professionnels. Talent et persévérance sont de mises pour y faire sa place.

"La France est un petit pays, mais un pays d’une richesse culturelle et d’une diversité exceptionnelles. Nos jeunes artistes français savent l’observer et s’en inspirer. Je crois que c’est de là que vient ce que l’on appelle aujourd’hui la french touch", explique Moïra Marguin, responsable du département cinéma d’animation à Gobelins, l'école de l’image. Car si le cinéma d’animation demande une maîtrise de la technique, elle nécessite aussi une bonne part de créativité. "Aujourd’hui, les studios veulent des gens qui savent raconter des histoires à travers des dessins. Il faut que la manière d’animer serve l’histoire. Mais il faut aussi maîtriser les logiciels", ajoute-t-elle.

Certaines écoles sont à la frontière de l’arnaque

Si vous rêvez, vous aussi, de créer des personnages comme Gru, l’horrible héros du célèbre Moi, moche et méchant, il faut, en premier lieu, bien réfléchir à l’école dans laquelle vous voulez rentrer. "Pour que les jeunes et les parents s’y retrouvent dans l’offre, très large, des écoles de cinéma d’animation, nous avons créé le Réseau des écoles françaises de cinéma d’animation (Reca)", indique René Broca, fondateur du Reca. En effet, "s’il y a de très bonnes écoles en France, certaines sont à la frontière de l’arnaque", met-il en garde. Il est donc important de bien se renseigner sur le site des écoles, de ne pas hésiter à leur téléphoner, à aller aux journées portes ouvertes, à discuter avec des anciens élèves avant de faire son choix. Ensuite, réfléchissez bien à votre motivation car ces études exigent beaucoup de travail et d’implication personnel.

Apprenez à dessiner

"Choisissez une école qui prépare à un métier et non à un outil, car pour durer dans ce secteur, il faut que votre connaissance du métier ne soit pas dépendante de la technique qui évolue très vite. De plus, une bonne école est une école qui propose une combinaison d’outils. D’un studio à l’autre, vous ne travaillerez pas sur les mêmes logiciels", ajoute René Broca. Mais il ne suffit pas de vouloir entrer dans une école, encore faut-il y arriver. Les plus réputées sont aussi les plus sélectives. "Prenez des cours de dessin car il faut déjà avoir un bon niveau pour entrer dans une école comme les Gobelins", conseille Moïra Marguin. "Et cultivez-vous ! Allez au cinéma, faites des expos, lisez ! Je suis toujours surprise de voir des étudiants venir au concours sans être préparé à la question : « Qu’est-ce que vous aimez en matière de cinéma d’animation » ? En général les réponses ne sont pas satisfaisantes", se désole-t-elle.

Mieux vaut être polyvalent

Avec l’évolution de la 3D, les métiers du cinéma d’animation se comptent aujourd’hui par dizaines. Une bonne école vous proposera une formation généraliste les premières années, puis une spécialisation en fin de cursus. "Pour une meilleure insertion professionnelle, mieux vaut avoir plusieurs cordes à son arc. Nos étudiants maîtrisent en général le métier d’animateur 2D/3D et un autre métier comme storyboarder ou designer", explique Moïra Marguin. "Aux Gobelins, nous avons 100 % d’insertion dans les 6 mois qui suivent le diplôme. Mais ce n’est pas vrai dans toutes les écoles. Aujourd’hui, environ 400 étudiants se retrouvent chaque année sur le marché du travail. Si le secteur est dynamique, le marché ne compte que 6 000 professionnels, l’insertion des jeunes diplômés peut s’avérer difficile. Et 80 % sont des intermittents du spectacle !" conclut-elle.

Isabelle Fagotat © CIDJ
Article mis à jour le 27/02/2018 / créé le 10-02-2014