Non-diplômé à bac + 5 : des opportunités dans l'hôtellerie de luxe

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Non-diplômé à bac + 5 : des opportunités dans l'hôtellerie de luxe

Palaces et grands hôtels recherchent toute l'année des professionnels aux profils variés, mais pas facile de trouver les bons candidats ! Et pour cause, la formation ne fait pas tout. Le savoir-être est primordial. L’alternance demeure la voie royale pour intégrer le secteur et quelques opportunités existent aussi pour les non-diplômés.

Le luxe, un secteur qui ne connaît (presque) pas la crise

"Globalement, le secteur se porte relativement bien", note Alain Jacob, président d'AJ Conseil Recrutement &  RH, spécialisé dans le secteur. Malgré quelques fausses notes, cette année, comme la baisse de l'affluence des riches clients russes ou la concurrence de nouvelles start-up, tel que Airbnb qui louent des résidences haut de gamme, les hôtels de luxe s'en sortent mieux que l’hôtellerie classique.

"La spécificité du luxe est qu’il y a toujours du travail, constate Ludovic Corpechot, general manager à l'hôtel Napoléon. Il y a en ce moment des milliers de chambres en construction et les recruteurs ont du mal à trouver les bons candidats."
"Une fois diplômé(e,) il est plutôt facile de trouver un poste, notamment en cuisine ou en service en salle, là où il y a un peu plus de turn-over", affirme Alexandra Pirzadeh, responsable de recrutement au sein du palace Le Meurice (Paris).

Accessible aux non-diplômés

Les métiers de l'hôtellerie s'apprennent pour la plupart sur le terrain. "Sans diplôme, il est possible d'accéder à certains postes : commis de cuisine, commis de rang, femme de chambre ou valet" assure Sabrina Craunot, directrice des ressources humaines du Shangri-la Hotel, Paris. "Cela laisse l’opportunité de se faire remarquer grâce à sa personnalité et à ses compétences", affirme Alexandra Pirzadeh. Toutefois dans le luxe, les recruteurs sont un peu plus exigeants et une formation est conseillée pour évoluer. 

Du CAP à bac + 5

Le CAP est un premier diplôme qui correspond bien aux besoins des recruteurs, mais il est conseillé de poursuivre au-delà avec une mention complémentaire (MC), une formation complémentaire d’initiative locale (FCIL), un BTM pour les métiers en cuisine, ou encore avec le bac sciences et technologies de l’hôtellerie-restauration (STHR), qui remplace l'ancien bac hôtellerie. 

"Le BTS hôtellerie est également une formation appréciée des recruteurs", constate Richard Alexandre, chef d'établissement du CFA Médéric. Il permet aux candidats de préparer la spécialité A (mercatique et gestion hôtelière) ou la spécialité B (art culinaire, art de la table et du service). "C'est un bon diplôme de base, mais la personne risque d'être bloquée au poste d’adjoint ou d’assistant, nuance Alain Jacob du cabinet AJ Conseil. Poursuivre si possible avec une 3e année de licence n'est pas une mauvaise idée."

Pour les postes de management, gestion ou marketing, le recrutement se fait généralement après un bac + 3 ou bac + 5 à l'université, en école de commerce ou école hôtelière (Escaet d’Aix-en-provence, IETH Paris, ESHotel Lille, Institut Vatel…). Ces écoles sont le plus souvent privées, renseignez-vous sur les tarifs pratiqués.

Idées reçues sur les salaires
On pense souvent que les salaires sont plus élevés dans l'hôtellerie de luxe, ce n'est pourtant pas tout à fait vrai. Un veilleur de nuit touche en moyenne 1 700 € brut/mois, un concierge 1 900 €. Le salaire d'une gouvernante générale et d'un chef de réception, deux profils qui nécessitent de l'expérience, tourne autour de 2 500 € brut/mois. Le salaire d'un commis de cuisine débute généralement à 1 600 €, et grimpe jusqu'à 3 000 € minimum pour un chef cuisinier. Un yield manager touchera en début de carrière environ 3 000 € brut/mois. 
Les salaires se valent en début de carrière dans un hôtel de luxe et un hôtel classique. Les pourboires font la différence : ils peuvent être très intéressants ! 

L’alternance, une porte d’entrée pour intégrer le secteur

Pour intégrer l’hôtellerie, même sans qualification, pensez à l’alternance. Ce dispositif qui permet de se former dans un établissement de formation et en entreprise est très répandu dans l’hôtellerie. "Dans notre établissement, nous accueillons chaque année une dizaine d’alternants, comptabilise Alexandra Pirzadeh. "L’alternance est une vraie chance pour un jeune, car cela lui permet d'apprendre un métier sur le terrain."

L’alternance est d’ailleurs souvent utilisée comme méthode de prérecrutement. "Nous accueillons des jeunes en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation que l'on garde souvent ensuite parmi nos équipes dans le cadre d’un CDI", assure Sabrina Craunot. Pour Richard Alexandre, l’alternance constitue "la voie royale pour entrer dans ce milieu". Toutefois, il met en garde : "Une alternance dans un grand palace pour commencer et préparer un CAP n’est pas le mieux pour apprendre, car vous aurez peu de responsabilités."

Un savoir-faire français apprécié à l’étranger

Grâce à la bonne réputation des formations et établissements français, les métiers de l’hôtellerie s’exportent très bien à l’étranger. "Parmi les jeunes qui ont commencé chez moi, certains se sont maintenant installés au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Il y a aussi de très nombreuses opportunités aux Émirats arabes unis ou en Australie", informe Ludovic Corpechot, general manager à l'hôtel Napoléon.

La majorité des hôtels de luxe en France appartient à de grandes chaînes. "Travailler dans un grand groupe implanté à travers le monde favorise la mobilité géographique. Chez nous, les salariés peuvent partir en mission à l’étranger ponctuellement pour un renfort ou même choisir de changer de pays. C’est le cas d'un de nos salariés qui s’apprête à déménager à Londres", explique Alexandra Pirzadeh. Corinne Veyssière, gouvernante générale au Sheraton (Paris), se souvient avoir passé 6 mois à Bahreïn, archipel d’îles du golfe Persique situé au Moyen-Orient. "J’ai participé à l’ouverture d’un hôtel Le Méridien, qui se préparait à recevoir un sommet des chefs d’états du Moyen-Orient." Une chouette expérience à l’autre bout du monde.

Des compétences reconnues dans d'autres secteurs
L’excellence et la rigueur de la branche tentent les recruteurs d'autres secteurs. "Certains de nos anciens élèves ont trouvé un emploi dans les assurances ou l’immobilier, car les recruteurs appréciaient leur sens du service, de la présentation et du relationnel…. Des savoir-être essentiels dans bien des domaines", sourit Richard Alexandre. Un avis partagé par Corinne Veyssière : "Si une gouvernante souhaite changer de branche, elle pourra postuler dans une clinique privée, un hôpital ou une maison de retraite."

La rédaction © CIDJ
Article mis à jour le 22-09-2015 / créé le 21-09-2015