Du marketing à l'électricité, la reconversion réussie de Charley

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Du marketing à l'électricité, la reconversion réussie de Charley

Charley a quitté une brillante carrière dans le marketing pour devenir électricien. Un choix risqué mais réfléchi. Aujourd’hui, il a fondé sa propre entreprise et vit enfin la vie dont il rêvait, libre et indépendant ! Témoignage.

Le scooter slalome entre les voitures de l’avenue de la République, à Paris. Un hôtel a appelé Charley Jonville pour un dépannage en urgence, et il a promis d’y être avant 16h30. “Je dois être l’un des seuls électriciens de Paris à me déplacer en scooter ! J’ai une camionnette flambant neuve qui m’attend au garage, mais c’est tellement difficile de se garer dans Paris !” avoue-t-il.

Si Charley se différencie de ses collègues par son véhicule, il se distingue également par son parcours. Avant de réparer des installations électriques, ce diplômé d’une grande école de commerce a enchaîné les postes de cadre dans les services marketing de grandes entreprises de mode et de luxe. “Je gagnais très bien ma vie mais je m’ennuyais. J’en avais assez de chercher des concepts marketing pour des produits qui ne me m'intéressaient pas vraiment…”

Changer de voie pour devenir indépendant

Charley quitte alors sa boîte, qui vient pourtant de lui proposer une nouvelle mission. Il tente d’abord de rester dans le marketing en postulant dans des entreprises qui vendent des produits plus masculins, mais, depuis ses débuts chez L’Oréal, il reste estampillé “luxe” et n’arrive pas à se détacher de cette image. “Il fallait que je change de voie. J’avais envie d’un métier concret qui demande une vraie connaissance technique, et je voulais être indépendant.”

Un CAP électricité intégré en cours d’année

Charley, fort de son expérience de coordinateur, envisage d'abord de faire de la coordination de corps de métiers sur des chantiers, pour des particuliers aisés. Mais il se rend vite compte que la demande est faible. Il veut alors s’orienter vers la plomberie, mais, quand il veut s'inscrire en novembre, les formations ont déjà commencé…

Charley penche finalement vers l’électricité, qui lui semble plus facile à prendre en cours de route. Il harcèle les centres de formation professionnelle d’Ile-de-France pour intégrer un CAP électrotechnique. “Finalement, j’ai eu de la chance en appelant le lycée Marcel-Deprez, dans le 11e. La personne au téléphone m’a dit de venir car il restait des places. Je suis arrivé tout de suite. Elle m’a emmené directement dans la classe, je me suis installé et c’était parti !”

Prendre le risque de tout recommencer à zéro

Ce CAP pour adultes se prépare en un an. Comme Charley a son bac, il est dispensé des matières générales. Il a donc le temps de suivre en parallèle les cours d’électricité du bac pro.

“J’étais ultra motivé ! Je ne pouvais pas rater cette reconversion, il fallait que je réussisse. Pourtant, j'ai eu des moments de doute. J’avais fait 6 ans d’études, lâché une carrière qui me donnait un certain statut social, un boulot bien payé… Dans un climat de crise, tout recommencer à zéro dans l’électricité, c’était risqué ! En plus, je n’étais pas bricoleur pour deux sous. Je dois avouer que je me suis parfois demandé si je ne faisais pas une énorme bêtise…”

Un début de carrière au Smic

Charley n'est peut-être pas bricoleur, mais il est bosseur. CAP en poche, il pense monter rapidement son entreprise, mais le métier nécessite beaucoup de connaissances qu’il estime ne pas avoir encore acquises. Il cumule donc les missions d’intérim et les CDD pendant 4 ans pour se forger une solide expérience.

“J’ai débuté au Smic. Puis j’ai acquis petit à petit le statut d’ouvrier hautement qualifié (OHQ). À partir de là, j’ai été beaucoup mieux payé. Je pouvais gagner jusqu’à 2300 € net par mois. Je n’ai jamais eu de problème pour travailler, j’ai toujours trouvé. Mais c’est important d’avoir conscience que c’est un métier fatigant. On travaille dans la poussière, on porte des charges lourdes, c’est très physique.”

Prendre sa vie en main

Aujourd’hui, Charley a monté sa propre entreprise, Domos Énergie. Il travaille seul pour le moment, mais, si tout va bien, il embauchera son premier salarié l’année prochaine. “J’ai pris ma vie en main ! Je suis indépendant et j’ai enfin l’impression de réaliser quelque chose de concret grâce à mon travail. Je sais que si mes clients sont contents de mon travail et me recommandent, je ne le dois qu’à moi…”

Valérie François © CIDJ
Article mis à jour le 22/05/2018 / créé le 14-09-2012