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Professionnels de santé : de nouvelles mesures pour accroître les effectifs

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Professionnels de santé : les mesures pour accroître les effectifs

Pour tenter d’endiguer la pénurie de médecins, le gouvernement desserre encore plus le numerus clausus. L’objectif reste d’accroître de 50% les effectifs sur 3 ans. Reste à définir les moyens associés notamment en termes de formation.

Former plus et jouer sur les numerus apertus

Comment lutter contre la désertification médicale, le manque de médecins traitants et de spécialistes ? Mise en place à la rentrée 2020, la réforme des études de santé (réforme PASS-L.AS) avait déjà pour objectif de former plus de professionnels de santé. En supprimant le numérus clausus (nombre d’étudiants admis en 2e année fixé annuellement) au profit du numérus apertus (nombre d’étudiants admis en 2e année modulé en fonction des besoins des territoires), elle a permis d’augmenter de 18,5% le nombre d’étudiants en médecine. Mais au regard des besoins à venir, compte tenu du vieillissement de la population et du départ en retraite des médecins, cela ne semble pas encore suffisant. Alors que 10 000 étudiants en médecine sont formés en 2023, le gouvernement entend faire passer leur nombre à 12 000 en 2025 et à 16 000 en 2027, soit une hausse de plus de 50% des effectifs sur 3 ans. Mais quid de l’efficacité de cette nouvelle mesure ? Car la dernière en date, la réforme PASS-Las, en sonnant la fin du redoublement en 1re année a conduit trois fois plus d'étudiants à redoubler leur deuxième année, et ce, dans toutes les filières. Si cette nouvelle ouverture du numérus apertus fait l’unanimité, sa mise en place constitue un défi. Invité de France Bleu Normandie le 10 avril, Benoit Veber, Président de la Conférence nationale des doyens de facultés de médecine en poste à Rouen, a réagi à cette annonce en réclamant davantage de moyens, car « l’immense majorité des facultés a déjà atteint le plafond de verre de leurs capacités de formation ».

Des formateurs pour enseigner, des mesures pour avancer

Pour garantir un bon niveau de formation, il précise que « nous avons besoin de moyens essentiellement humains (des postes de professeurs, de maîtres de conférences, de chefs de clinique, de professeurs associés de territoire, mais aussi du personnel administratif) et idéalement des moyens architecturaux et logistiques ». Pour attirer de nouveaux professeurs dans les disciplines en difficulté (chirurgie plastique, chirurgie orthopédique...), Benoit Veber suggère « un choc d’attractivité » pour moderniser et rendre le statut de professeur plus attractif. Ces craintes et recommandations sont partagées par Jérémy Darenne, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France qui s’interroge sur le réseau social X, sur une mise en place aussi rapide alors que l’on « peine déjà à trouver des stages ou à faire passer des Ecos (examen clinique objectif et structuré) pour 8 000 étudiants, comment on pourrait doubler ce nombre en si peu de temps ? » Les modalités d’application de cette mesure seront discutées très prochainement avec le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Et il y a urgence. Sachant qu’il faut compter une décennie pour former un médecin, les premiers effets d’une telle mesure ne seraient pas visibles avant 2035. En parallèle à l’augmentation du nombre de médecins, Gabriel Attal a annoncé que 16 procédures seront simplifiées pour fluidifier l’accès à la santé. Parmi celles-ci, la possibilité de consulter directement un spécialiste ou un kinésithérapeute, sans passer par son médecin traitant. Ce dispositif sera expérimenté dans 13 départements. Parallèlement, les pharmaciens pourront prescrire des antibiotiques pour soigner les angines, les infections urinaires et les cystites. De leur côté, les opticiens pourront adapter les verres sans le recours à une nouvelle ordonnance délivrée par un ophtalmologue. De même, pour bénéficier du dispositif « mon soutien psy », il ne sera plus nécessaire de consulter son généraliste au préalable. Le 1er ministre entend également mettre en place à l’automne prochain une « taxe lapin » (5 €) pour responsabiliser les patients indélicats qui ne préviennent pas de leur absence au moins 24 heures avant un rendez-vous…

Josée Lesparre © CIDJ
Actu mise à jour le 19-04-2024 / créée le 19-04-2024

Crédit photo : Wavebreakmedia - iStock